1933 à 1948 — Guerre et lutte contre la centralisation

C’est en 1932 que le Canada est frappé par l’onde de choc provoquée par le krach de la bourse de New York en 1929. À son tour, le pays est plongé dans la pire crise économique qu’ait connue le capitalisme. L’économie connaît un ralentissement considérable, et le chômage grimpe jusqu’à 30 % dans les villes. Les gouvernements de l’époque ne disposent d’aucun programme d’aide sociale, et ce sont les institutions religieuses et les municipalités qui doivent secourir les nouveaux indigents.

C’est dans ce contexte, peu favorable au niveau économique mais très stimulant au niveau idéologique, qu’un jeune professeur de 37 ans de l’École des Hautes Études commerciales, Esdras Minville, sent l’urgent besoin de faire renaître, sous le nom d’Action nationale, la revue et la ligue dont il a été un collaborateur dans les années 1920. Il confie la direction de la revue à Harry Bernard et se réserve la présidence de la Ligue. L’équipe de collaborateurs qui se reforme autour de L’Action nationale compte une majorité de familiers de L’Action française.

Tout en accordant l’attention qu’elle mérite à la question de la promotion du français au Québec, la nouvelle équipe tourne ses regards vers l’économie. Minville propose un programme de restauration économique typique de l’époque, dont la composante principale est le retour à la terre (le milieu rural résiste mieux à la crise). L’Action nationale se préoccupe aussi de réclamer du gouvernement de Louis-Alexandre Taschereau une politique sociale humaine, et dénonce de plus en plus l’omniprésence dans la province des capitaux américains. Après la défaite du gouvernement libéral en 1936, c’est contre l’Union nationale de Maurice Duplessis que L’Action nationale dirigera ses flèches : le premier ministre, qui se fera après la guerre le champion de l’autonomie provinciale, n’a de cesse, à l’époque, de réclamer l’inter vention du gouvernement fédéral pour régler le problème du chômage. La préservation et la reconquête des prérogatives provinciales est un combat que L’Action nationale partage avec le parti de L’Action libérale nationale, vite englouti et annihilé par Duplessis à la suite d’une alliance stratégique.

Avec le déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale en septembre 1939 et l’entrée en guerre du Canada aux côtés de la Grande-Bretagne dans la même semaine, les intellectuels du pays sont aspirés dans le tourbillon des événements : L’Action nationale est étroitement associée aux principaux combats de ces années, soit la lutte contre la conscription et la fondation du Bloc populaire.

1933 à 1948 — Guerre et lutte contre la centralisation