Guerre et conscription

Publicité «Nos "Suiveux" voteront la conscription», Le Devoir, 21 avril 1942, p. 6.

Publicité «Nos "Suiveux" voteront la conscription», Le Devoir, 21 avril 1942, p. 6.

Publicité «How Would Hitler Vote?», The Gazette, 25 avril 1942, p. 6.

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Le 9 septembre 1939, le Canada déclare la guerre à l’Allemagne d’Hitler. Personne n’a oublié la conscription de 1917, qui a dressé l’un contre l’autre les deux « peuples fondateurs ». Les libéraux, depuis plus de 20 ans, Mackenzie King en tête, se font élire sur la promesse de ne plus jamais imposer l’enrôlement obligatoire.

Malgré tous les beaux discours, le fantôme de la conscription plane plus que jamais au-dessus du pays à l’automne 1939. Maurice Duplessis déclenche des élections-surprise, et les deux partis, l’Union nationale et le Parti libéral, placent l’inquiétante menace au cœur de leur campagne électorale. Appuyé par la machine libérale d’Ottawa, Adélard Godbout l’emporte. L’industrie de guerre se met en place au Canada, et les volontaires s’enrôlent dans l’armée pour le service outre-mer. Mais la pression de certains groupes anglophones incite le premier ministre Mackenzie King à tenir un référendum qui le délierait de ses promesses sur la conscription. Les campagnes du oui et du non se mettent en branle : au Québec, la Ligue pour la défense du Canada, comprenant de nombreux députés fédéraux dissidents, appuyée par Le Devoir et L’Action nationale, est fondée. Le 27 avril 1942, le Québec vote massivement contre la conscription, à l’inverse du reste du Canada. À l’automne suivant, les tenants du « non » fondent le Bloc populaire, le premier parti voué spécifiquement à la défense des intérêts des Canadiens français. André Laurendeau, alors directeur de L’Action nationale, plonge dans l’aventure, est élu député et désigné chef de l’aile provinciale. La revue appuie sans réserve le parti, et plusieurs de ses collaborateurs y militent activement. Malgré sa courte vie (six ans), cette formation inédite marquera l’histoire politique du Québec.