Lutte contre la centralisation

«Manifeste de la Ligue d'Action nationale sur la Conférence fédérale-provinciale», Le Devoir, 16 mars 1946, p. 1 et 10.
La Confédération de 1867 a clairement réparti les pouvoirs entre les deux ordres de gouvernement, le fédéral et le provincial. Même si le gouvernement québécois laisse les entreprises étrangères exploiter les ressources naturelles de son territoire et délègue aux communautés religieuses le soin d’éduquer, de soigner et d’aider la population, ces domaines relèvent toujours de sa compétence.
En 1937, le gouvernement d’Ottawa crée une commission d’enquête sur les relations entre le Dominion et ses provinces. En cherchant à justifier ses interventions éventuelles dans la sphère de la sécurité sociale, le gouvernement fédéral amorce un processus de centralisation qui ne passe pas inaperçu dans les milieux nationalistes. La Ligue d’Action nationale riposte en présentant des mémoires, et s’associe au « manifeste pour une éducation nationale » présenté à la Commission. La situation ne s’améliore pas avec le déclenchement de la guerre, alors que l’impôt provincial sur le revenu est saisi par Ottawa pour financer son effort militaire.
Ce n’est qu’à partir de 1944 que Maurice Duplessis récupère l’idée de la décentralisation et se fait le champion de l’autonomie provinciale. Cette nouvelle attitude ne peut déplaire à L’Action nationale, et c’est ce qui explique son ambivalence à l’égard du « cheuf ».
Enfin, c’est en 1946 que le député René Chaloult, un collaborateur de la revue, demande à l’Assemblée d’adopter un drapeau québécois distinct et officiel. La question du drapeau est récurrente au Québec depuis le tricolore vert-blanc-rouge des Patriotes de 1837, et depuis plusieurs années, les organisations nationalistes mènent une très vaste campagne de mobilisation pour l’adoption d’un drapeau national. Le premier ministre Duplessis, après discussion, opte pour le modèle le plus populaire, le fleurdelisé, qui devient drapeau officiel le 21 janvier 1948.