1996 à aujourd'hui — Le combat pour l'indépendance
A la fin des années quatre-vingt, la revue connut un sursaut d'intérêt et d'énergie avec l'arrivée à sa direction de l'infatigable Rosaire Morin qui avait à sa disposition un réseau de relations dans les milieux d'affaires francophones et dans les milieux associatifs. De 1988 à 1999, Rosaire Morin a travaillé à plein temps et bénévolement pour la revue. Il assumait les fonctions de Président de la Ligue et de directeur de la revue. Il orienta le contenu de la revue vers l'étude des problèmes économiques et publia un dossier magistral sur l'épargne des Québécois. Il démontre que les Québécois ne profitent pas de leurs épargnes qui sont déportées ailleurs pour servir au développement économique des autres. Ce dossier sera publié en 1997 sous le titre « La déportation québécoise ». Il professionnalisa la rédaction en engageant du personnel à plein temps qui avait pour tâche de solliciter des abonnements et surtout d'aller chercher des commandites publicitaires. Comme peu de gens pouvaient dire non à Rosaire Morin, il obtint les ressources financières pour financer des dons d'abonnements à des étudiants ce qui fit augmenter le nombre d'abonnés à 5000.
À la disparition de Rosaire Morin en 1999, Robert Laplante prit le relais. Docteur en sociologie, ce dernier poursuit des recherches dans le domaine des études coopératives et du développement local et régional. Il a en particulier revisité l’œuvre de Minville et des divers auteurs qui ont construit la tradition coopérative québécoise. Il a, entre autres, publié L’expérience de Guyenne, qui est devenu un véritable classique dans ce champ d’étude. R. Laplante a ouvert la voie à une nouvelle reformulation de l’effort d’émancipation porté par les nationalistes de L’Action nationale. Son travail, qui se poursuit à la direction de la revue, a contribué à donner une forte cohérence idéologique aux orientations éditoriales. Il déploie ses efforts en organisant son programme de travail autour de quatre axes de réflexion :
- Il s’est immédiatement attelé à la tâche de clarifier la position de la revue sur l’accession à l’indépendance. Il a cherché à intégrer toutes les dimensions de l'action nationale et à penser la rupture avec le Canada, mettant ainsi fin à l'aliénation du nationalisme traditionnel qui avait intériorisé les effets de la subordination politique dans le cadre du fédéralisme et s'était enfermé dans une vision fragmentée de la nation qui marginalisait la dimension politique du combat national.
- Il prolongea et approfondit l'intérêt de la revue pour les questions économiques et sociales de ses prédécesseurs. Il chercha en particulier à encourager les efforts pour penser les liens entre la pensée nationale et le territoire. Il accorda une place particulière aux thématiques régionales et aux collaborateurs oeuvrant dans les diverses régions du Québec. La montée des enjeux environnementaux n’échappe pas au travail de la revue.
- Il fait une place majeure aux enjeux de justice sociale. Il tissa des liens étroits avec les mouvements communautaires afin d'actualiser l'analyse des enjeux comme la lutte à la pauvreté, la développement local et les conditions sociales d’épanouissement des personnes et des communautés.
- Il accorda une grande attention à la mise en valeur de la culture québécoise en publiant plusieurs dossiers sur des écrivains québécois et en changeant la jaquette de la revue afin de mettre en évidence la contribution des artistes en arts visuels. Présentant des sculptures, gravures et peintures issues de la tradition ou des mouvements contemporains, chaque numéro associe de la sorte l’art et la production culturel au travail vivant de la pensée et du développement de la culture québécoise.