Vie intellectuelle et religion

Lettre d'Harry Bernard, 30 octobre 1932, 2 p. CRLG, Fonds Léo-Paul-Desrosiers (P11/C, 11),

Lettre d'Harry Bernard, 30 octobre 1932, 2 p. CRLG, Fonds Léo-Paul-Desrosiers (P11/C, 11).

À l’époque où naît L’Action nationale, l’Église catholique est omniprésente au Canada français. Son action ne se limite pas au domaine spirituel, mais s’étend aux sphères sociale et intellectuelle : elle a la charge de l’éducation de la petite école au collège, et on trouve aussi des ecclésiastiques dans l’enseignement universitaire.Tout personnage bien en vue et soucieux de son avenir doit se soumettre aux directives de son évêque, et se montrer bon chrétien : la tiédeur n’a pas sa place, et encore moins l’athéisme.

L’Action nationale ne cherche pas à démêler religion catholique et nationalité canadienne-française, la langue et la foi lui apparaissent soudées dans l’identité nationale. Cela fait d’elle, avec Le Devoir, la lecture obligée de tout bon nationaliste, et on la recommande chaudement jusque dans les collèges, où souvent des prêtres abonnent des élèves qui n’en ont pas les moyens. En même temps, ses collaborateurs n’échappent pas à l’autorité ecclésiastique, et doivent montrer patte blanche pour consulter les livres interdits. Finalement, la question même de l’action nationale et de sa subordination à l’action catholique soulève les passions dans les années 1930.